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Paul Verlaine, Ô mon Dieu, vous m’avez blessé d’amour

05.03.2016

Sagesse, II 1

Ô mon Dieu, vous m’avez blessé d’amour
Et la blessure est encore vibrante,
Ô mon Dieu, vous m’avez blessé d’amour.

Ô mon Dieu, votre crainte m’a frappé
Et la brûlure est encor là qui tonne,
Ô mon Dieu, votre crainte m’a frappé.

Ô mon Dieu, j’ai connu que tout est vil
Et votre gloire en moi s’est installée,
Ô mon Dieu, j’ai connu que tout est vil.

Noyez mon âme aux flots de votre Vin,
Fondez ma vie au Pain de votre table,
Noyez mon âme aux flots de votre Vin.

Voici mon sang que je n’ai pas versé,
Voici ma chair indigne de souffrance,
Voici mon sang que je n’ai pas versé.

Voici mon front qui n’a pu que rougir,
Pour l’escabeau de vos pieds adorables,
Voici mon front qui n’a pu que rougir.

Voici mes mains qui n’ont pas travaillé,
Pour les charbons ardents et l’encens rare,
Voici mes mains qui n’ont pas travaillé.

Voici mon cœur qui n’a battu qu’en vain,
Pour palpiter aux ronces du Calvaire,
Voici mon cœur qui n’a battu qu’en vain.

Voici mes pieds, frivoles voyageurs,
Pour accourir au cri de votre grâce,
Voici mes pieds, frivoles voyageurs.

Voici ma voix, bruit maussade et menteur,
Pour les reproches de la Pénitence,
Voici ma voix, bruit maussade et menteur.

Voici mes yeux, luminaires d’erreur,
Pour être éteints aux pleurs de la prière,
Voici mes yeux, luminaires d’erreur.

Hélas ! Vous, Dieu d’offrande et de pardon,
Quel est le puits de mon ingratitude,
Hélas ! Vous, Dieu d’offrande et de pardon,

Dieu de terreur et Dieu de sainteté,
Hélas ! ce noir abîme de mon crime,
Dieu de terreur et Dieu de sainteté,

Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
Toutes mes peurs, toutes mes ignorances,
Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,

Vous connaissez tout cela, tout cela,
Et que je suis plus pauvre que personne,
Vous connaissez tout cela, tout cela,

Mais ce que j’ai, mon Dieu, je vous le donne.

 

Mein Gott, du hast mich mit Liebe verwundet,
und die Wunde schmerzt immer noch.
Mein Gott, du hast mich mit Liebe verwundet.

Mein Gott, deine Todesangst sticht mir ins Herz,
und der Stich währt wie Nachhall des Donners.
Mein Gott, deine Todesangst sticht mir ins Herz.

Mein Gott, ich begriff, alles hienieden ist eitel,
und deine Herrlichkeit thront in mir.
Mein Gott, ich begriff, alles hienieden ist eitel.

Mein Gott, tauch meine Seele in deinen Wein,
nähre mein Leben mit dem Brot deines Mahls.
Mein Gott, tauch meine Seele in deinen Wein.

Sieh, mein Blut, ich habe es nicht vergossen,
sieh, mein Fleisch, ihm mangelt das würdige Leid.
Sieh, mein Blut, ich habe es nicht vergossen.

Sieh, meine Stirn, Scham nur behaucht sie mit Leben,
sie gereiche zum Schemel deinem holden Fuß.
Sieh, meine Stirn, Scham nur behaucht sie mit Leben.

Sieh, meine Hände, sie betteln um ehrbare Schründe
durch das Schüren der Kohlen und des Weihrauchs Glut.
Sieh, meine Hände, sie betteln um ehrbare Schründe.

Sieh, mein Herz, es klopfte so lange im Leeren,
statt zu bluten an den Dornen des Kalvarienbergs.
Sieh, mein Herz, es klopfte so lange im Leeren.

Sieh, meine Füße, sie strolchten durch finstere Gassen,
statt dem Ruf deiner Gnade zu folgen.
Sieh, meine Füße, sie strolchten durch finstere Gassen.

Sieh, meine Stimme, sie kannte nur Klagen und Lügen,
statt in Reue die Schuld zu bekennen.
Sieh, meine Stimme, sie kannte nur Klagen und Lügen.

Sieh, meine Augen, sie kannten nur Flackern von Wahn,
statt weinend zu verlöschen in die Nacht des Gebets.
Sieh, meine Augen, sie kannten nur Flackern von Wahn.

Wehe, du Gott des Gebens und des Verzeihens,
wie tief ist meines Undankes Brunnen.
Wehe, du Gott des Gebens und des Verzeihens.

Gott des Schreckens und der Heiligkeit,
wehe, meines Vergehens nächtlicher Abgrund.
Gott des Schreckens und der Heiligkeit.

Du Gott des Friedens, der Freude, des Heils,
ich bin nur Angst, nur Unwissenheit.
Du Gott des Friedens, der Freude, des Heils.

All das kennst du, du kennst all das,
und daß ich der Ärmste der Armen bin.
All das kennst du, du kennst all das.

Doch alles, was ich bin, geb ich, Gott, dir hin.

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