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Francis Jammes, J’allai à Lourdes

14.12.2018

Aus: De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir

J’allai à Lourdes par le chemin de fer,
le long du gave qui est bleu comme l’air.

Au soleil les montagnes semblaient d’étain.
Et l’on chantait: sauvez! sauvez! dans le train.

Il y avait un monde fou, exalté,
plein de poussière et du soleil d’été.

Des malheureux avec le ventre en avant
étendaient leurs bras, priaient en les tordant.

Et dans une chaire, où était du drap bleu,
Un prêtre disait: «un chapelet à Dieu!»

Et un groupe de femmes, parfois passait,
qui chantait: sauvez! sauvez! sauvez! sauvez!

Et la procession chantait. Les drapeaux
se penchaient avec leur devises en or.

Le soleil était blanc sur les escaliers.
dans l’air bleu, sur les clochers déchiquetés.

Mais sur un brancard, portée par ses parents,
son pauvre père tête nue et priant,

et ses frères qui disaient: «ainsi soit-il»,
une jeune fille sur le point de mourir.

Oh! qu’elle était belle! elle avait dix-huit ans,
et elle souriait; elle était en blanc.

Et la procession chantait. Les drapeaux
se penchaient avec leurs devises en or.

Moi je serrais les dents pour ne pas pleurer,
et cette fille, je me sentais l’aimer.

Oh! elle m’a regardé un grand moment,
une rose blanche en main, souriant.

Mais maintenant où es-tu? dis, où es-tu?
Es-tu morte? je t’aime, toi qui m’as vu.

Si tu existes, Dieu, ne la tue pas:
elle avait des mains blanches, de minces bras.

Dieu, ne la tue pas! -et ne serait-ce que
pour son père nu-tête qui priait Dieu.

 

Ich bin mit der Bahn nach Lourdes gereist,
am Bach entlang, der blau wie der Himmel gleißt.

In der Sonne glänzten die Berge wie Zinn.
Durch den Zug ging der Singsang „Rette, rette!“ hin.

Von Sinnen war alles, ein schwärmender Verein,
voller Staub und Sommersonnenschein.

Unglückliche, die Bäuche aufgebläht,
fuchtelten mit den Armen beim Gebet.

In einem Sitz, von blauen Tuches Glanz,
sprach ein Priester: „Betet den Rosenkranz!“

Eine Gruppe von Frauen lief manchmal durch den Gang,
„Rette, rette, rette, rette!“ war ihr Sang.

Und das Lied der Prozession. Der Fahnen Heer,
die sich senkten, vom Gold der Lettern schwer.

Auf den Treppenstufen weißer Sonne Blitzen,
in blauer Luft, auf gezackten Kirchturmspitzen.

Doch auf einer Bahre, von den Eltern gehievt,
der arme Vater war baren Haupts ins Gebet vertieft,

und von ihren Brüdern, die „Amen“ sprachen,
ein junges Mädchen, es war dem Tode nahe.

O, wie schön sie war! Achtzehn Jahre war sie alt
und sie lächelte, in Weiß gewandete Gestalt.

Und das Lied der Prozession. Der Fahnen Heer,
die sich senkten, vom Gold der Lettern schwer.

Ich biß auf die Zähne, um nicht Tränen zu vergießen,
und dies Mädchen, ich fühlte mich sie lieben.

O, wie ihr tiefer Blick den meinen fand,
sie lächelte, eine weiße Rose in der Hand.

Wo aber weilst du jetzt? Wo bist du, sprich.
Bist du tot? Ich liebe dich, du erkanntest mich.

Wenn es, Gott, dich gibt, so töte sie nicht:
Ihre Hände waren weiß, ihre Arme ohne Gewicht.

Gott, töte sie nicht! Und mag es nur geschehen
für ihren barhäuptigen Vater und sein Gottesflehen.

 

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