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Paul Verlaine, Car tu vis en toutes les femmes

11.10.2019

Aus: Chair

Car tu vis en toutes les femmes
Et toutes les femmes c’est toi.
Et tout l’amour qui soit, c’est moi
Brûlant pour toi de mille flammes.

Ton sourire tendre ou moqueur,
Tes yeux, mon Styx ou mon Lignon,
Ton sein opulent ou mignon
Sont les seuls vainqueurs de mon cœur.

Et je mords à ta chevelure
Longue ou frisée, en haut, en bas,
Noire ou rouge et sur l’encolure
Et là ou là — et quels repas !

Et je bois à tes lèvres fines
Ou grosses, — à la Lèvre, toute !
Et quelles ivresses en route,
Diaboliques et divines !

Car toute la femme est en toi
Et ce moi que tu multiplies
T’aime en toute Elle et tu rallies
En toi seule tout l’amour : Moi !

 

In allen Frauen pulst dein Leben,
und alle Frauen sind vereint in dir,
und alle Liebe dieser Welt hat mir
tausend Flammen für dich eingegeben.

Dein Lächeln in Sanftmut oder Scherz,
deine Augen, ob Styx, ob mein Lignon,
deine Brust, Damast oder Chiffon,
sie besiegen alle ja mein Herz.

Ich will an deinen Haaren nagen,
ob lang sie oder lockig, auf und ab,
ob schwarz, ob rot, im Nacken knapp,
und da und da – welch ein Behagen!

Wie ich an deinen Lippen trinke,
dünnen, dicken – Lippe an Lippe!
Auch wenn ich trunken überkippe,
in Höllen oder Himmel sinke!

Denn jede Frau kehrt ein in dich,
und dieses Ich, das du vermehrt,
liebt in allen dich allein, es kehrt
in dich zurück der Liebe Fülle: Ich!

 

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