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Charles Baudelaire, Le confiteor de l’artiste

19.11.2018

Aus: Le Spleen de Paris (Petits Poèmes en Prose)

Que les fins de journées d’automne sont pénétrantes ! Ah ! pénétrantes jusqu’à la douleur ! car il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n’exclut pas l’intensité ; et il n’est pas de pointe plus acérée que celle de l’Infini.

Grand délice que celui de noyer son regard dans l’immensité du ciel et de la mer ! Solitude, silence, incomparable chasteté de l’azur ! une petite voile frissonnante à l’horizon, et qui par sa petitesse et son isolement imite mon irrémédiable existence, mélodie monotone de la houle, toutes ces choses pensent par moi, ou je pense par elles (car dans la grandeur de la rêverie, le moi se perd vite !) ; elles pensent, dis-je, mais musicalement et pittoresquement, sans arguties, sans syllogismes, sans déductions.

Toutefois, ces pensées, qu’elles sortent de moi ou s’élancent des choses, deviennent bientôt trop intenses. L’énergie dans la volupté crée un malaise et une souffrance positive. Mes nerfs trop tendus ne donnent plus que des vibrations criardes et douloureuses.

Et maintenant la profondeur du ciel me consterne ; sa limpidité m’exaspère. L’insensibilité de la mer, l’immuabilité du spectacle, me révoltent… Ah ! faut-il éternellement souffrir, ou fuir éternellement le beau ? Nature, enchanteresse sans pitié, rivale toujours victorieuse, laisse-moi ! Cesse de tenter mes désirs et mon orgueil ! L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu.

 

Das Glaubensbekenntnis des Künstlers

Wie tief gehen die Abende im Herbst! Ach, tief bis zum Schmerz! Birgt er ja gewisse köstliche Empfindungen, und sind sie auch verschwommen, so nicht weniger spürbar, wenn auch gewiß nicht schärfer als die Empfindung des Unendlichen.

Tiefe Wonne, wie jene, den Blick in die ungeheure Weite des Himmels und des Meers zu senken! Einsamkeit, Schweigen, unvergleichliche Keuschheit der Himmelsbläue! Ein kleines Segel, das unterm Horizont erzittert, in seiner Winzigkeit und Verlorenheit Bildnis meines unrettbaren Daseins, eintöniges Lied der Brandung, all diese Dinge denken durch mich oder ich denke durch sie (in der Weite des Traumbewußtseins verliert das Ich sich schnell!); sie, sage ich, denken, doch in der Weise der Musik, der Malerei, ohne Haarspaltereien, ohne Syllogismen, ohne Deduktionen.

Ob sie nun mir entstammen oder aus den Dingen kommen, diese Gedanken werden doch bald allzu heftig. Die Kraft der Lust erschafft sich weiche Not und süßes Leid. Meine allzu gespannten Nerven reichen nur ein Beben weiter, das schrillt und schmerzt.

Nun macht der Abgrund des Himmels mich bestürzt; seine Klarheit erbittert mich. Die Fühllosigkeit des Meeres, die Monotonie des Schauspiels, sie empören mich … Ach, gilt ewig es zu leiden, ewig das Schöne zu fliehen? Natur, Sirene ohne Mitleid, immer siegreiche Widersacherin, laß ab von mir! Laß ab davon, meine Begierde zu kitzeln und meinen Stolz! Das Spiel mit dem Schönen ist ein Zweikampf, bei dem der Künstler aufschreit vor Schrecken, bevor er niederstürzt.

 

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