René Guy Cadou, Chambre de la douleur
La porte est bien fermée
Une goutte de sang reste encore sur la clé
Tu n’es plus là mon père
Tu n’es pas revenu de ce côté-ci de la terre
Depuis quatre ans
Et dans la chambre je t’attends
Pour remailler le filets bleus de la lumière
La première année j’eus bien froid
Bien du mal à porter la croix
Et j’usai mes belles mains blanches
À raboter mes propres planches
Déjà prêt à partir sans toi
Puis ce fut le printemps la pâque
Je te trouvai au fond de chaque
Sillon dans chaque grain de blé
Et dans la fleur ouverte aux flaques
Impitoyables de l’été
Jamais plus les oiseaux n’entreront dans la chambre
Ni le feu
Ni l’épaule admirable du soir
Et l’amour sera fait d’autres mains
D’autres lampes
Ô mon père
Afin que nous puissions nous voir
Zimmer des Schmerzes
Die Tür ist wohlverschlossen,
ein Blutstropfen hängt noch am Schlüssel.
Du bist nicht mehr hier, mein Vater,
du bist seit vier Jahren
nicht mehr ins Diesseits der Erde gelangt,
und im Zimmer warte ich auf dich,
um die blauen Maschen des Lichts aufzunehmen.
Im ersten Jahr war mir kalt,
ich konnte das Kreuz kaum tragen
und ich gebrauchte meine schönen weißen Hände,
um meine eigenen Planken zu hobeln,
schon bereit, ohne dich aufzubrechen.
Dann war im Frühjahr Ostern,
ich fand dich am Grund einer jeden
Furche, in jedem Weizenkorn
und in jeder Blume, die sich aufgetan hatte
für die unerbittlichen Pfützen des Sommers.
Nie wieder drangen die Vögel in das Zimmer,
nie wieder das Feuer,
nie die prachtvolle Schulter des Abends.
Und die Liebe wird aus anderen Händen bestehen,
anderen Lampen,
o mein Vater,
auf daß wir uns sehen können.