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Francis Jammes, La salle à manger

25.12.2018

Aus: De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir

Il y a une armoire à peine luisante
qui a entendu les voix de mes grand-tantes
qui a entendu la voix de mon grand-père,
qui a entendu la voix de mon père.
À ces souvenirs l’armoire est fidèle.
On a tort de croire qu’elle ne sait que se taire,
car je cause avec elle.

Il y a aussi un coucou en bois.
Je ne sais pourquoi il n’a plus de voix.
Je ne peux pas le lui demander.
Peut-être bien qu’elle est cassée,
la voix qui était dans son ressort,
tout bonnement comme celle des morts.

Il y a aussi un vieux buffet
qui sent la cire, la confiture,
la viande, le pain et les poires mûres.
C’est un serviteur fidèle qui sait
qu’il ne doit rien nous voler.

Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
qui n’ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l’on me pense seul vivant
quand un visiteur me dit en entrant :
- comment allez-vous, monsieur Jammes ?

 

Das Eßzimmer

Da gibt es einen Schrank mit nur wenig Gefunkel,
der hörte meine Großtanten munkeln,
er hörte die Stimme meines Großvaters,
er hörte die Stimme meines Vaters.
Diese Erinnerungen sind für den Schrank intim.
Wer glaubt, er könne schweigen nur, liegt schief,
denn ich plaudere mit ihm.

Da gibt es auch eine hölzerne Kuckucksuhr.
Ich weiß nicht, warum sie nicht mehr ruft.
Ich kann sie nicht danach fragen.
Vielleicht ist sie innen zerschlagen,
die Stimme, die ihr war geboten,
so untrüglich wie jene der Toten.

Da gibt es auch ein altes Büffet,
das nach Wachs riecht, nach Konfitüre,
nach Fleisch und Brot und Birnen, mürben,
es ist ein treuer Diener, der weiß,
man darf nichts stehlen aus unserem Kreis.

War mancher Mann und manche Frau, die zu mir kam,
am Glauben an solch kleine Seelen waren sie klamm.
Ich lächelte, wenn einer wähnte mich allein
und mich fragte, trat er zu mir ein:
„Wie geht es Ihnen, Monsieur Jammes?“

 

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